Page:Alberti- De la statue et de la peinture, 1868.djvu/191

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autre chose. Alexandre, celui qui peignit le portique de Pompée, excellait à représenter tous les quadrupèdes et les chiens principalement. Aurélien, toujours amoureux, se plaisait à peindre des déesses et à leur donner le visage de ses amies. Phidias s’efforçait plutôt d’exprimer la majesté des Dieux que la beauté des hommes. Euphranor avait tout à fait à cœur de traduire la noblesse des héros, ce en quoi il excella par-dessus tous les autres. Ainsi, chacun n’eut pas une faculté égale. Car la nature a départi à chaque intelligence des dons particuliers dont nous ne devons pas nous satisfaire à ce point que nous abandonnions toute tentative pour aller au delà ; mais nous devons pratiquer et augmenter les dons de la nature, par l’art, l’étude et l’exercice. En outre, rien de ce qui touche à la gloire ne doit être par nous négligé.

En somme, quand nous voulons peindre un sujet, réfléchissons tout d’abord longuement suivant quel ordre et d’après quelle règle il convient de le composer, puis, en en jetant le plan sur le papier, nous commenterons, soit le sujet tout entier, soit chaque partie du sujet en particulier, consultant nos amis à cet égard. Enfin, nous tâcherons d’avoir tout médité en nous-même, de telle sorte qu’il n’y ait rien dans notre œuvre que nous ne sachions parfaitement en quelle place nous le devons mettre. Or, afin d’y parvenir plus sûrement, nous ferons bien de diviser les études par des lignes parallèles, afin que, dans l’ouvrage destiné au public, les choses soient établies d’après les travaux particuliers et dûment mises en leur place.