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PROLOGUE.

croit encore ; mais bientôt Patrizzi s’efforce de concilier avec cette opinion des anachronismes tels, que des allusions à Phidias ou au musicien Eunomios, et les explique par des interpolations. Bacon, Locke, Berkeley, Hume, Reide, et la critique naît et grandit ; Casaubon, Bentley, Hermann, la philologie moderne va naître. Saurait-on admirer jamais assez ce que la critique a fait de nos jours, où nous déchiffrons les mythes antiques sur le cippe hermétique, mieux que les contemporains des Lagides, et où le Poimandrès et l’Asclépios nous sont moins obscurs qu’à Stobée, Cyrille, Lactance ou Suidas.

La critique d’art est toute moderne. Nous lui devons d’avoir fait apprécier au public les œuvres des hommes de génie. Elle seule fait toucher du doigt les beautés qu’un public ignorant ou naïf n’irait jamais chercher là où elles se trouvent. Elle a réuni les annales des arts et enregistré les efforts de l’homme pour évoquer le beau dans sa pure clarté. Son rôle est en outre éminemment moral ; elle est la gardienne fidèle et jalouse du mérite de chacun, et son épée flamboyante écarte les plagiaires du temple.

Mais surtout elle élève le niveau des études artistiques. Sans doute, il ne faut pas à tout propos