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JACK ET JANE.

Il lui fut impossible de remuer pendant quelques minutes. Elle avait grand’peur que quelqu’un vînt et découvrît la double sottise qu’elle venait de faire ; aussi, la douleur diminuant, elle se mit à examiner si elle ne pourrait pas se remettre toute seule sur son sofa.

Au moment d’essayer, elle aperçut près d’elle le papier qui était la cause innocente de son accident. Elle s’en saisit vivement et oublia sa douleur dans la pensée de taquiner Frank. Un seul coup d’œil lui montra que ce n’était ni une composition ni une lettre de l’écolier. C’était le commencement d’une lettre de Mme Minot à sa sœur. Jane allait la laisser retomber désappointée, lorsque son propre nom attira son attention. Elle ne put s’empêcher de la lire.

C’étaient de tristes paroles à dire d’une enfant aussi jeune ; c’était encore plus triste de les lire, et impossible de les oublier jamais.

« Chère Lizzie, Jack continue à aller bien ; il sera bientôt sur pied, mais nous commençons à craindre sérieusement que la petite Jane ne soit gravement atteinte et que son état ne devienne permanent. Elle est ici maintenant, et nous faisons tout notre possible pour la soulager ; mais jamais je ne la regarde sans penser à Lucile Snow qui passa vingt années de sa vie au lit, à la suite d’une chute faite à l’âge de quinze ans. Notre pauvre petite Jane ne sait encore rien, et j’espère… »

Ici la lettre était interrompue.

La désobéissance de la pauvre petite Jane reçut aussitôt sa punition. La petite fille croyait qu’elle allait mieux parce qu’elle ne souffrait plus autant, et que