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LES MÉFAITS DE FRANK.

là-bas comme des enragés. Les entendez-vous ? Voyez-vous comme ils gesticulent. Je vous assure que nous ferions mieux de retourner. »

Gustave ne cessait de regarder en arrière d’un air anxieux. Malgré tous les efforts qu’il faisait pour cela, il ne jouissait pas du tout de la promenade.

« Laissons-les faire. Je veux aller jusqu’au tournant, et j’irai, dût-il m’en coûter 50 dollars. Ne craignez rien. Il n’y a pas l’ombre de danger. Le prochain train ne passera pas avant vingt minutes. »

Pour plus de sûreté, Frank tira sa montre. Il avait le soleil dans les yeux et ne vit pas très clairement l’heure ; sans cela il se serait aperçu qu’il était beaucoup plus tard qu’il ne le pensait.

Ils continuèrent donc leur route. Ils venaient tout juste d’arriver au tournant, quand un coup de sifflet les fit tressaillir et pâlir.

« C’est le train de marchandises, dit Gustave d’une voix étranglée par l’émotion.

— Non, c’est un train sur l’autre ligne, » répondit Frank, qui frissonnait involontairement en pensant à ce qui arriverait s’il s’était trompé.

Un instant après, le tournant était passé et la longue voie se déroulait devant leurs yeux avec un train de marchandises s’avançant vers eux.

Il n’y avait qu’une seule ligne ; le danger était imminent. Les deux enfants restèrent quelques secondes paralysés par la terreur.

« Faut-il sauter ? » dit Gustave en regardant autour de lui. D’un côté était la rivière, de l’autre un talus escarpé. Lequel choisir ?