faut être sage et avoir de la patience. Ne me plaignez pas. Vous avez été enfermées sous la terre pendant plus de temps que je n’ai été prisonnière, moi ! et au mois de juillet, j’irai au bord de la mer !… »
Ce voyage occupait toutes les pensées de Jane et de ses amis. À chaque instant, ils formaient des projets pour cet heureux mois de vacances.
On était à la fin d’avril. Les enfants du village avaient l’habitude de suspendre des paniers remplis de fleurs à la porte de leurs amis et connaissances la veille du 1er mai. On appelait cela les paniers de mai. Jane, qui avait plus de loisirs, plus de goût et plus d’adresse que ses compagnes, s’était chargée de confectionner des paniers à condition que les petits garçons se chargeraient, eux, de trouver des fleurs des champs. C’était bien la tâche la plus difficile qu’elle leur laissait, car aucune fleur n’avait encore paru, à l’exception de quelques petites marguerites roses. Les violettes attendaient des rayons de soleil plus chauds ; les fougères étaient encore enveloppées de leurs manteaux de drap brun, et l’hépatique, ainsi que ses mille sœurs des bois, se cachait sous la mousse, tout effrayée du froid. Cependant, les oiseaux étaient revenus fidèlement, les geais criaient dans le verger ; les chardonnerets et les rouges-gorges faisaient leur nid, et les moineaux pépiaient gaiement du haut des sapins où ils avaient vécu tout l’hiver.
Le 1er mai se trouvant tomber un dimanche, et le samedi étant jour de demi-congé en Amérique, ou plutôt aux États-Unis, les enfants avaient toute latitude de faire une ample récolte. Ils partirent aussitôt la classe finie.
« Si vous preniez un âne et une charrette, leur cria