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L’HÔPITAL NUMÉRO 2.

— Je voudrais qu’il y eût ici beaucoup d’enfants perdus ! Ah ! que j’aimerais à m’en aller par les rues avec des paniers pleins de provisions pour leur donner de bons repas ! s’écria Molly, toute prête à se lancer dans cette voie nouvelle.

— Si nous fondions une société de secours pour les abandonnés ! proposa Merry.

— C’est une idée lumineuse, s’écria Jane. Nous n’y admettrons pas les garçons, et ce sera une société secrète. Nous aurons des insignes et des mots de passe. Ce sera très amusant. Si nous avions seulement de petites sauvages à civiliser !

— Ce n’est pas bien difficile à trouver, lui dit sa mère en lui faisant un petit signe de tête. Je vous en montrerai une tout de suite, si vous voulez, et vous pourrez vous mettre à l’œuvre immédiatement. Convertissez-la en une petite fille douce et obéissante. Cela vous donnera de l’ouvrage pour quelque temps.

— C’est de moi que vous voulez parler, petite mère ? Eh bien, vous avez raison, je commencerai par moi. J’y travaillerai. Je vais devenir si sage que personne ne me reconnaîtra plus. Dans les livres, les enfants malades deviennent toujours des petits modèles. Nous allons voir si c’est la même chose dans la réalité. »

Jane prit un si drôle d’air de componction, que ses amies se mirent à rire ; puis elles demandèrent quel serait leur emploi.

« Vous, Merry, répondit Mme Peck, vous pourriez venir en aide à votre mère et donner le bon exemple à vos frères. Vous êtes fille unique. Une petite personne intelligente, dans ces conditions-là, fait assez généralement