Page:Alcott - La Petite Rose ses six tantes et ses sept cousins.djvu/107

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Rose partit d’un éclat de rire involontaire. Son compagnon ne parut pas s’en formaliser, au contraire, et, sans s’émouvoir, il continua à développer un plateau en laque rouge et deux jolies petites tasses avec leurs soucoupes. C’était à donner envie de prendre sur-le-champ une tasse de thé, même à la manière chinoise, sans sucre et sans crème.

Fun-See disposa le tout sur une petite table et fit comprendre à Rose, par une pantomime expressive, que c’était un cadeau que lui faisait l’oncle Mac. La petite fille lui transmit de même ses remerciements ; mais ensuite leur conversation languit forcément, et ils se bornèrent à se regarder mutuellement en souriant.

Tout à coup Fun-See, comme frappé d’une idée subite, dégringola à bas de son siège et sortit de la cabine aussi vite que le lui permettait son costume assez incommode pour marcher. Rose se demanda avec effroi s’il allait par hasard chercher pour les lui offrir des nids d’hirondelles ou des rats rôtis, que la politesse l’obligerait à accepter. En attendant, elle écouta la conversation de ses oncles, avec M. Whang-Lo. Ces messieurs disaient beaucoup de choses intéressantes et instructives, et Rose, qui avait une mémoire excellente, se promit bien d’en retenir le plus possible.

Elle s’efforçait de caser dans un coin de sa mémoire le fait que la ville d’Amoy se trouve à deux cent quatre-vingts milles de Hong-Kong, lorsqu’elle vit revenir Fun-See tout essoufflé. Le jeune Chinois tenait à la main un grand objet long qu’elle prit d’abord pour une épée,