habitants, d’un air plus grave que ne le comportait la circonstance. Elle avait mûri son projet ; dans sa pensée, c’était un adieu définitif qu’elle adressait à ce séjour enchanteur.
Lorsqu’elle aborda au manoir, elle courut à la recherche de Phœbé et lui ordonna péremptoirement de laisser là son ouvrage et de s’apprêter à aller dans l’île des Campbell, où l’on avait besoin d’elle.
Phœbé obéissait les yeux fermés à Mlle Rose ; mais il n’en était pas de même de Charlie et d’Archie, et quand Rose leur dit :
« Partez sans moi. Vous viendrez me reprendre quand j’attacherai un mouchoir blanc à mon balcon. » Charlie s’écria :
« Pourquoi ne venez-vous pas tout de suite ?
— Je suis occupée. Voici pour l’oncle Alec une lettre qui lui expliquera tout.
— Nous vous attendrons aussi longtemps qu’il le faudra, » poursuivit Charlie.
Et Archie ajouta :
« Oncle Alec ne sera pas content.
— Faites ce que je vous dis de faire, mes enfants ; je suis sûre que l’oncle Alec m’approuvera, lui.
— Mais…
— Les petits garçons doivent obéir sans faire de questions, repartit Rose en se redressant avec tant de dignité que ses cousins en furent abasourdis. Pourquoi n’aurais-je pas des secrets ? Vous en avez bien !... » dit-elle comme dernier argument.