ne puis pas oublier ; je n’oublierai jamais !... Laissez-moi. Ne me lisez rien... J’ai mal à la tête, j’ai chaud !... Ah ! qu’il ferait donc bon dans « l’Albatros ! »
Le pauvre Mac avait la fièvre ; il se tournait sur son canapé comme s’il eût été sur un fagot d’épines, et il poussait des soupirs à fendre l’âme. Rose s’empara d’un éventail et se mit à l’éventer doucement en lui disant :
« La journée serait moins longue si vous tâchiez de dormir un peu ; voulez-vous que je vous chante une berceuse ?
— Votre remède pourrait bien réussir, répondit Mac, car je n’ai guère dormi cette nuit ; mais auparavant, cousine, écoutez-moi. Je vous charge de dire à tout le monde que je sais tout, et que je veux qu’on me laisse tranquille et qu’on ne me parle de rien. Vous avez compris ?
— Oui.
— Eh bien, maintenant, chantez tout ce qu’il vous plaira, et puissiez-vous m’endormir pour une année entière et ne me réveiller que lorsque je serai guéri !
— Je le voudrais de tout mon cœur ! » s’écria Rose avec tant de ferveur que son cousin oublia son rôle d’homme fort et qu’il lui serra la main à la briser, en ajoutant :
« Vous êtes la meilleure des gardes-malades. Grâce à vous, Rosette, j’aurai de la patience. »
Moins d’un quart d’heure après, la vieille ballade de Rose avait envoyé son malade oublier ses peines dans le pays des songes.