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LA PETITE ROSE.

Newport, qui s’élevait au bord de la mer, ou sur l’Océan lui-même, qui formait un petit golfe au bas de l’immense jardin des dames Campbell. Des petits balcons perchés un peu partout, sans souci de la symétrie de l’architecture, donnaient au manoir un aspect des plus romantiques. Rose avait d’abord examiné tout cela avec intérêt ; mais elle s’en lassa vite, et on la surprit, à plusieurs reprises, la tête appuyée sur son bras et les yeux pleins de larmes amères. Alors tante Prudence avait poussé la générosité jusqu’à lui remettre la clef de deux pièces importantes. L’une était celle d’une longue galerie vitrée, véritable musée où l’on accumulait les curiosités rapportées de tous les coins du globe par les messieurs Campbell, marins depuis plusieurs générations.

L’autre ouvrait une grande office contenant les friandises que les enfants savent si bien apprécier. Hélas ! Rose avait regardé d’un œil aussi indifférent les bonbons et les confitures que les objets précieux de la galerie, et tante Prudence, désolée de sa tristesse, alla réclamer le concours de sa sœur.

Tante Patience, qui méritait bien son nom par la douceur angélique avec laquelle elle supportait les infirmités qui la retenaient clouée dans sa chambre, s’évertua à son tour à distraire sa nièce. Elle entreprit avec elle un ravissant trousseau de poupée qui eût certainement gagné le cœur de bien des petites filles plus âgées ; mais Rose n’aimait pas les poupées ; elle se souciait fort peu des robes rouges ou des chapeaux bleu de ciel qu’elle confectionnait, et tante Patience vit un jour de grosses larmes