trouver malheureuse quand on avait, comme Rose, une jolie robe de soie, un tablier brodé, un beau médaillon et un grand nœud de velours dans les cheveux.
« Je suis orpheline aussi, lui expliqua Rose.
— Êtes-vous pour longtemps chez vos tantes ? demanda Phœbé.
— Je ne sais pas. J’attends l’arrivée de mon tuteur ; c’est lui qui décidera. Est-ce que vous avez un tuteur, Phœbé ?
— Moi ? Oh ! non, mademoiselle. On m’a trouvée un jour à la porte de l’église quand je n’avais que quelques mois ; sans doute mes parents étaient trop pauvres pour me garder !… Une bonne dame charitable a eu pitié de moi ; elle m’a recueillie chez elle et a pris soin de moi jusqu’à présent, mais elle est morte depuis peu, et il faut que je travaille ; je ne m’en plains pas. Je suis d’âge à gagner ma vie.
— Quel âge avez-vous donc ?
— Entre onze et douze ans. On ne sait pas bien.
— Quelle histoire romanesque ! » s’écria Rose.
Le lavage terminé, Phœbé passa à un autre genre d’occupation. Elle prit un plat et un panier de haricots qu’elle éplucha avec prestesse.
Rose ne disait mot. Elle pensait, à part elle, que ce n’était pas gai de passer sa vie entière à travailler sans jamais avoir aucun plaisir.
« Vous avez dû beaucoup étudier, mademoiselle, lui dit alors Phœbé, qui trouvait probablement que c’était à son tour de questionner sa compagne.