Page:Alcott - La Petite Rose ses six tantes et ses sept cousins.djvu/281

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revenu de sa surprise. Rose avait un caractère si doux et si facile, qu’un accès de colère de sa part semblait phénoménal. Charlie n’eût pas été plus étonné si l’une de ses tourterelles favorites l’eût accueilli à coups de bec au lieu de venir se poser sur sa main. Pour parler ainsi, il fallait que sa cousine eût été vivement émue, et cette émotion même calma Charlie comme par enchantement.

Après s’être donné le luxe de répandre quelques larmes en mettant son chapeau et son manteau, Rose alla précipitamment souhaiter le bonsoir à sa tante, qui était entre les mains du coiffeur et ne s’inquiéta pas autrement de ses yeux rouges. La petite fille avait hâte de s’éloigner.

Elle appela la bonne ; mais, ne la trouvant pas aussitôt, non plus que le valet de chambre, elle se décida à partir seule. Elle ferma tout doucement la porte pour échapper à l’ennui d’avoir Charlie à ses côtés. Précaution superflue : son cousin l’attendait au jardin.

« Ne me parlez pas si cela vous ennuie, lui dit humblement celui-ci, mais laissez-moi vous reconduire, car vous ne pouvez revenir seule. »

Rose lui tendit la main sans rancune en disant :

« J’ai eu tort de me fâcher. Pardonnez-moi, je vous en prie. »

C’était plus éloquent qu’un long sermon sur l’oubli des injures et l’humilité ; cela prouvait décidément que Rose mettait ses maximes en pratique. Charlie garda cette petite main dans la sienne et la posa sur son bras gauche en ajoutant pour sceller la réconciliation :

« Voyez, Rosette, j’ai remis votre boucle d’oreille à sa