Page:Alcott - La Petite Rose ses six tantes et ses sept cousins.djvu/75

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chargea de tenir la tête de Claudine. Phœbé prit à deux mains la queue de la bête, et Rose parvint à remplir sa tasse.

« Comme vous êtes pâle ! lui dit alors le docteur. Malgré tout le mouvement que vous venez de vous donner, vous avez l’air d’avoir froid. Courez autour de la pelouse pour vous réchauffer.

— Je suis trop vieille pour courir, répliqua Rose. Notre maîtresse de pension — miss Power — nous disait toujours que ce n’était pas comme il faut pour une jeune fille.

— Je ne suis pas de l’avis de miss Power, dit le docteur d’un ton péremptoire, et, en ma qualité de médecin, je vous ordonne de faire trois fois de suite en courant le tour de la pelouse. »

La petite fille obéit sans dire mot. Le désir de plaire à son oncle semblait lui donner des ailes.

« Je suis heureux de voir que votre « vieillesse » ne vous a pas encore ôté l’usage des jambes, lui dit le docteur quand elle revint un peu essoufflée. Votre ceinture est trop étroite, défaites-la.

— Elle est plutôt trop large, » s’écria Rose.

Pour toute réponse, son oncle dégrafa la bande de cuir de Russie dont elle était si fière. Inconsciemment, l’enfant poussa un soupir de soulagement, et sa ceinture s’élargit de quelques centimètres.

« C’est parce que je viens de courir, dit-elle un peu confuse ; auparavant elle ne me serrait pas du tout.

— Je crois bien ! vous ne respirez pas suffisamment,