charmée par la pensée de jouer sur ce splendide instrument. Avant que Mme Marsch eût pu répondre, M. Laurentz continua en souriant :
« Personne n’est jamais au salon après neuf heures ; les domestiques ont fini leur ouvrage, Laurie sort beaucoup, et moi je suis enfermé dans mon bureau à l’autre bout de la maison. Ainsi, si l’une d’elles le désire, elle peut venir quand elle voudra, sans rien dire et sans parler à personne. »
Il se leva comme pour partir, et Beth ouvrait la bouche pour le remercier, car ce dernier arrangement ne lui laissait rien à désirer ; mais il continua :
« Voudrez-vous répéter cela à vos filles, madame ? Cependant ne les forcez pas à venir si cela ne leur plaît pas.
— Oh ! si, monsieur, votre offre leur fait beaucoup, beaucoup de plaisir, dit Beth en mettant sa petite main dans celle du vieux monsieur, et le regardant avec des yeux pleins de reconnaissance.
— C’est donc vous la petite musicienne ? demanda-t-il doucement, sans ajouter de ces « heim ! » qui effrayaient tant Beth.
— C’est moi, Beth. J’aime beaucoup la musique, et je viendrai si vous êtes tout à fait sûr que personne ne m’entendra et ne sera gêné par moi, ajouta-t-elle, craignant d’être importune, et toute tremblante en pensant à sa hardiesse.
— Pas une âme ne vous entendra, ma chère ; la maison est vide la moitié de la journée ; venez tapoter autant que vous voudrez, et je vous en serai très reconnaissant.
— Oh ! monsieur, que vous êtes bon ! »
Beth était rouge comme une pivoine, mais n’avait plus peur ; ne trouvant pas de mots pour exprimer