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LES QUATRE FILLES DU DOCTEUR MARSCH.

transgresse mes ordres, et je tiens toujours ma parole. Miss Marsch, tendez la main. »

Amy tressaillit et mit ses deux mains derrière son dos, en jetant à son maître un regard suppliant qui plaidait mieux sa cause que les paroles qu’il lui aurait été impossible de prononcer. La pauvre Amy était une des favorites du « vieux Davis », comme l’appelaient naturellement ses élèves, et mon idée particulière est qu’il n’aurait pas été jusqu’au bout, si une maladroite et audacieuse petite fille ne s’était mise à siffler dans une clef à la vue de la férule. Ce fatal coup de sifflet irrita le vieux maître et décida du sort de la coupable.

« Votre main, miss Marsch, » fut la seule réponse que reçut la muette supplication d’Amy, et celle-ci, trop orgueilleuse pour pleurer ou demander grâce, serra les dents les unes contre les autres et, rejetant la tête en arrière, reçut, sans pousser un gémissement, plusieurs coups de férule sur sa petite main. Les coups n’étaient ni nombreux ni très forts ; mais cela ne faisait aucune différence à ses yeux, et pour elle c’était un affront aussi grand que si M. Davis l’eût fouettée.

« Maintenant, vous resterez sur l’estrade jusqu’à ce que je vous permette d’en descendre, » dit M. Davis, résolu à faire complètement la chose, puisqu’il avait tant fait que d’être obligé de la commencer.

C’était terrible ! Amy aurait déjà été assez malheureuse de retourner à sa place et de voir les figures consternées de ses amies ou l’air satisfait de ses quelques ennemies ; mais c’était trop de faire face à toute la classe avec cette nouvelle honte, et, pendant une seconde, elle pensa qu’elle ne pouvait que se jeter par terre et sangloter. Mais la vue de Jenny Snow l’aida à tout supporter, et, prenant la place ignominieuse, elle tint les yeux fixés sur le tuyau du poêle, au-dessus de