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LES QUATRE FILLES DU DOCTEUR MARSCH.

lapin qu’elle faisait sauter dans sa casserole. Elle éplucha avec fureur les pommes de terre du dîner, comme si elle eût eu M. Davis et miss Snow réunis sous son couteau.

Personne dans la classe ne fit de réflexion sur le départ d’Amy ; mais ses compagnes remarquèrent que, toute l’après-midi, M. Davis était extraordinairement triste. Mais quelqu’un qui l’était plus que le bon vieux maître, c’était Jenny Snow. À la récréation, personne ne voulut lui parler. À la classe, on lui tourna le dos. Il était évident que, dans ces conditions, la vie à la pension ne serait pas tenable pour elle.

Amy n’y retourna pas non plus ; elle était revenue si malade et si nerveuse, que sa mère ne crut pas devoir l’y contraindre.

« Cependant, lui dit sa mère, le lendemain, quand elle lui annonça cette résolution, vous étiez dans votre tort, Amy ; vous méritiez d’être punie. M. Davis était dans son droit ; votre conscience doit vous dire qu’il devait faire un exemple, et, si vous êtes juste, vous devez le reconnaître. Si je vous retire de pension, ce n’est pas parce que vous y avez subi une punition, à laquelle il n’eût dépendu que de vous de ne pas vous exposer, c’est parce que je ne pense pas que les exemples que vous ont donnés jusqu’ici quelques-unes de vos compagnes vous aient fait du bien. J’écrirai à M. Davis dans ce sens, et j’écrirai d’autre part à votre père ; puis j’attendrai son avis avant de vous envoyer dans une autre pension.

— C’est pourtant désolant de penser à ces délicieux sucres d’orge, jetés par moi-même dans la rue.

— Ce ne sont point eux que je regrette pour vous, Amy. Ils ont été la cause de votre faute ; en les emportant, vous avez sciemment désobéi, et je vous répète