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DOUBLE CHOC.

Lorsque les deux sœurs revinrent du spectacle, elles trouvèrent Amy dans le parloir, lisant d’un air offensé. Elle affecta de ne pas lever les yeux de dessus son livre et ne leur fit pas une seule question. La curiosité l’aurait peut-être emporté sur le ressentiment, mais Beth était là pour faire des questions et recevoir un récit détaillé de la pièce ; Amy profitait des réponses, tout en gardant un air indifférent et fâché.

La première pensée de Jo, en allant ranger son chapeau, fut de regarder son bureau, car, après leur avant-dernière querelle, Amy s’était soulagée en lançant tous ses livres et ses papiers au milieu de la chambre ; cette fois, cependant, tout était à sa place, et Jo, après avoir jeté un coup d’œil sur ses nombreuses boîtes, pensa qu’Amy lui avait pardonné et avait oublié ses menaces de vengeance.

Mais Jo était dans l’erreur, et elle fit le lendemain une découverte qui amena une tempête.

Meg, Beth et Amy étaient ensemble dans le parloir vers la fin de l’après-midi, quand Jo se précipita dans la chambre, et demanda brusquement : « L’une de vous a-t-elle pris mon livre ? »

Ce que Jo appelait son livre, c’était bien son livre, en effet, mais un livre manuscrit dont elle était l’auteur, oui, l’auteur ; en un mot, c’était un essai littéraire de Jo !

Meg et Beth répondirent tout de suite non, d’un air surpris ; mais Amy arrangea le feu sans rien dire, et Jo, la voyant rougir, s’élança vers elle :

« C’est vous qui l’avez, Amy ?

— Non, je ne l’ai pas.

— Vous savez où il est, alors ?

— Non !