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MEG VA À LA FOIRE AUX VANITÉS.

— Il est évident que Pâquerette ne sait encore rien, dit miss Clara à Belle.

— Je vais aller acheter quelques petits objets de toilette pour mes filles. Puis-je faire quelque chose pour vous, mesdemoiselles ? demanda Mme  Moffat, qui entra dans la chambre en marchant avec la légèreté d’un éléphant.

— Non, merci, madame, répond Sallie ; j’ai ma robe de soie rose qui est toute neuve, et je n’ai besoin de rien.

— Ni moi… » commença Meg.

Mais elle s’arrêta court, car il lui vint tout à coup à l’idée qu’elle aurait grand besoin de plusieurs objets, mais qu’elle ne pouvait pas les acheter.

« Qu’est-ce que vous mettrez ? demanda Sallie.

— Encore ma vieille robe blanche, si je peux la raccommoder assez bien pour qu’on ne voie pas la grande déchirure que j’y ai faite hier, dit Meg en essayant de parler librement ; mais la vérité est qu’elle ne se sentait pas du tout à son aise.

— Pourquoi n’en envoyez-vous pas chercher une autre chez vous ? demanda Sallie qui n’avait pas beaucoup de tact.

— Pour une excellente raison, miss ; je n’en ai pas d’autre ! »

Il fallut un certain courage à Meg pour dire cela. Sallie ne s’en doutait pas, car elle s’écria avec une surprise naïve :

« Pas d’autre ! Que c’est drôle de… »

Mais Belle, lui adressant un regard de reproche, l’empêcha de finir sa phrase et dit avec bonté :

« Rien n’est plus naturel ! À quoi lui servirait d’avoir plusieurs robes, puisqu’elle ne va pas encore dans le monde ? — D’ailleurs, Pâquerette, quand