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LES QUATRE FILLES DU DOCTEUR MARSCH.

je l’ai bien vu après, m’a excité les nerfs et, monté un peu à la tête ; alors j’ai essayé de faire la coquette, enfin j’ai été abominable !

— Il y a encore quelque chose, je pense, dit Mme  Marsch en caressant doucement la joue de Meg, qui devint écarlate quand elle répondit lentement :

— Oui, c’est quelque chose de très sot, de très mal, mais je veux, mère, que vous le sachiez, parce qu’il m’est très pénible qu’on ose dire et qu’on pense des choses pareilles de nous et de Laurie. »

Elle raconta alors ce qu’elle avait entendu chez Mme  Moffat au sujet de leurs relations d’amitié avec leurs voisins, et, pendant qu’elle parlait, Jo vit sa mère serrer étroitement les lèvres l’une contre l’autre. Il était évident qu’elle était très fâchée que de semblables pensées eussent été ainsi jetées dans l’esprit innocent de Meg.

Quant à Jo, elle ne pouvait plus se contenir.

« Eh bien, voilà la plus grande bêtise que j’aie jamais entendue ! s’écria-t-elle avec indignation. Pourquoi n’êtes-vous pas tout de suite allée tout dire à Laurie ?

— Je ne pouvais pas. Réfléchissez, Jo, que cela eût été bien embarrassant pour moi. D’abord, je n’ai pas pu m’empêcher d’entendre ; puis, après avoir entendu, je me suis sentie si en colère et si honteuse, qu’il ne m’est pas venu à l’idée que ce que j’avais de mieux à faire était de m’en aller.

— Eh bien ! attendez que je voie Annie Moffat, reprit Jo, et je vous montrerai comment on traite ces ridicules inventions. Cette idée de nous prêter à nous de tels projets et de prétendre que nous sommes bonnes pour Laurie, afin qu’il nous épouse plus tard ! Comme il va rire quand je vais lui raconter quelles sottes choses on dit de nous autres pauvres enfants ! s’écria Jo en écla-