Aller au contenu

Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/159

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
145
MEG VA À LA FOIRE AUX VANITÉS.

aimées et respectées. Je veux, après leur avoir fait une enfance et une jeunesse heureuses, pouvoir un jour les marier honnêtement et sagement. Je rêve pour elles une vie simple, modeste et utile, où le bonheur, avec l’aide de Dieu, pourra trouver sa place à côté du devoir. Je suis ambitieuse à ma façon pour vous, mes chères filles, mais mon ambition n’est pas que vous soyez jamais en situation de faire du bruit dans le monde par la fortune de vos maris. Je ne vous souhaite donc pas d’habiter jamais quelqu’une de ces maisons fastueuses qui ne sont pas des chez-soi, d’où le luxe chasse si souvent la paix, la bonne humeur, la santé, le bonheur et même les vrais plaisirs. Un bon, un courageux et laborieux mari comme le mien, des enfants comme vous, avec un peu plus d’aisance, si c’est possible, voilà ce que je voudrais vous assurer à chacune, mes chéries.

— Beth dit que les jeunes filles pauvres n’ont aucune chance de trouver de mari, dit Meg en regardant Jo.

— Eh bien ! nous resterons vieilles filles ! s’écria Jo. Nous ne quitterons jamais papa et maman, nous demeurerons toujours ensemble et bien unies. Tous les ménages ne sont pas des paradis, après tout.

— C’est cela ! c’est cela ! dit Meg. Est-ce que nous pourrions jamais nous passer les unes des autres ? Ah ! par exemple, non ! »

La bonne mère sourit, les deux enfants lui souhaitèrent le bonsoir, l’embrassèrent, et un quart d’heure après, Meg et Jo dormaient paisiblement toutes les deux.