Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/18

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
4
LES QUATRE FILLES DU DOCTEUR MARSCH.

— La vérité est, répondit Meg, qu’il vaudrait mieux que nous eussions encore la fortune que papa a perdue il y a plusieurs années. Nous serions, je l’espère, plus heureuses et bien plus sages si nous étions riches comme autrefois.

— Vous disiez l’autre jour que nous étions plus heureuses que des reines.

— Oui, Beth, et je le pense encore, car nous sommes gaies, et, quoique nous soyons obligées de travailler, nous avons souvent du bon temps, comme dit Jo.

— Jo emploie de si vilains mots ! » dit Amy.

Jo se leva tranquillement, sans paraître le moins du monde offensée, et, jetant les mains dans les poches de son tablier, se mit à siffloter gaiement.

« Oh ! ne sifflez pas, Jo ! on dirait un garçon, s’écria Amy, et même un vilain garçon.

— C’est pourtant dans l’espoir d’en devenir un, mais un bon, que j’essaye de siffler, répliqua Jo.

— Je déteste les jeunes personnes mal élevées…, dit Amy.

— Je hais les bambines affectées et prétentieuses…, répliqua Jo.

— Les oiseaux sont d’accord dans leurs petits nids, chanta Beth d’un air si drôle que ses sœurs se mirent à rire et que la paix fut rétablie.

— Vous êtes réellement toutes les deux à blâmer, dit Meg, usant de son droit d’aînesse pour réprimander ses sœurs. Joséphine, vous êtes assez âgée pour abandonner vos jeux de garçon et vous conduire mieux ; cela pouvait passer quand vous étiez petite ; mais maintenant que vous êtes si grande et que vous ne laissez plus tomber vos cheveux sur vos épaules, vous devriez vous souvenir que vous êtes une demoiselle.