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LES QUATRE FILLES DU DOCTEUR MARSCH.

— Si Jo est un garçon habillé en fille, et Amy une petite sotte, qu’est-ce que je suis donc ? demanda Beth, toute prête à partager la gronderie.

— Vous êtes notre petite chérie et rien d’autre, » répondit chaudement Meg.

Et personne ne la contredit.

Comme les jeunes lecteurs aiment à se représenter, même au physique, les personnes dont on parle, nous allons leur donner un aperçu des quatre jeunes filles, qui, pendant que la neige tourbillonnait au dehors et présageait une nuit glaciale, tricotaient activement à la lueur incertaine du feu. La chambre dans laquelle nous les trouvons, quoique meublée très simplement, avait un aspect agréable. Plusieurs belles gravures garnissaient les murs ; des livres remplissaient tous les recoins ; des chrysanthèmes et des roses de Noël fleurissaient entre les fenêtres ; enfin on sentait partout comme une douce atmosphère de bonheur et de paix.

Marguerite, l’aînée des quatre, allait avoir quinze ans ; elle était belle et fraîche avec de grands yeux bleus, des cheveux châtains, abondants et soyeux, une petite bouche et des mains blanches dont elle avait quelque tendance à s’enorgueillir. La seconde, Jo, qui avait quatorze ans, était grande, mince et brune et semblait ne jamais savoir que faire de ses longs membres. Elle avait une grande bouche et un nez passablement retroussé ; ses grands yeux gris ne laissaient rien passer inaperçu et étaient tour à tour fins, gais ou pensifs. Ses cheveux longs, épais, magnifiques, constituaient pour le moment toute sa beauté ; mais elle les roulait généralement dans sa résille afin de ne pas en être gênée. Elle avait de grands pieds, de grandes mains, des mouvements anguleux ; ses vêtements avaient toujours un air de désordre ; toute sa personne donnait