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Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/220

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LES QUATRE FILLES DU DOCTEUR MARSCH.

resta quelques minutes en contemplation devant la rampe. Non, César ayant à passer le Rubicon n’avait pas dû être plus perplexe. Jo était-elle moins brave que César ? c’est à croire, car tout à coup, la peur étant la plus forte, elle se rejeta dans la rue aussi rapidement qu’elle était entrée. Confessons-le, Jo, d’ordinaire si vaillante, répéta plusieurs fois cette manœuvre, au grand amusement d’un jeune gentleman qui, posté à une fenêtre de la maison opposée, ne perdait aucun de ses mouvements. Enfin Jo, revenant pour la quatrième fois à l’assaut, sembla résolue pour cette fois. Le sort en était jeté ! Elle enfonça son chapeau sur ses yeux et monta les escaliers quatre à quatre comme elle l’eût fait, si, en proie à une crise de dents, elle s’était déterminée enfin à se faire arracher toute la mâchoire plutôt que de reculer une fois encore.

Parmi les enseignes qui étaient à la porte de la maison où elle était entrée, se trouvait, en effet, celle d’un dentiste, et le jeune gentleman, après avoir regardé un moment la mâchoire artificielle qui s’ouvrait et se refermait lentement pour attirer l’attention du public sur cet incomparable râtelier, mit son pardessus et son chapeau, et descendit se poster dans l’encoignure d’une porte faisant face à la maison du dentiste.

« Comme cela ressemble à Jo, se dit-il en souriant et en frissonnant, d’être venue seule pour cette exécution ; mais, si elle a eu bien mal, elle aura besoin de quelqu’un pour l’aider à revenir. Attendons-la. »

Dix minutes après, Jo descendit l’escalier en courant, avec une figure très rouge et l’air de quelqu’un qui vient de passer, comme on dit, un mauvais quart