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DES JOURS SOMBRES.

vous serez debout la moitié de la nuit. Dieu vous bénisse ! Dieu vous bénisse ! »

Ceci dit, Jo s’enfuit dans la cuisine, et, s’asseyant par terre, dit aux chats assemblés autour d’elle, quelle était « si heureuse, oh ! si heureuse ! »

Au dernier moment, il fallut bien dire à Hannah que Mme  Marsch allait arriver.

« Je n’ai jamais vu quelqu’un se mêler de tout comme ce jeune homme, mais je lui pardonne, » dit Hannah d’un air de soulagement quand elle apprit la bonne nouvelle.

Meg, instruite à son tour, approuva fort les Laurentz. Jo passa la maison en revue, et mit la chambre de la malade en ordre pour que sa mère n’eût point à se plaindre. Hannah apprêtait quelque chose de chaud pour les voyageurs. Un souffle d’air frais semblait avoir passé sur la maison, et quelque chose de meilleur que le soleil semblait resplendir dans les chambres. Chacun comprit à sa façon qu’il y avait quelque chose de bon en l’air : l’oiseau de Beth commença à gazouiller, Meg découvrit sur le rosier d’Amy une rose à moitié ouverte ; les feux semblaient éclairer plus gaiement, et, chaque fois que Meg et Jo se rencontraient, leurs pâles figures s’éclairaient par un sourire et elles s’embrassaient en se disant : « Mère va arriver, mère va arriver ! » Tout le monde se réjouissait, excepté Beth, qui était dans un état de torpeur profonde et ne sentait ni l’espérance et la joie, ni le doute et le danger. On avait envie de pleurer en la regardant ; sa figure, si fraîche, était blanche comme l’ivoire et si changée ! ses doux yeux semblaient égarés, ses mains toujours agitées étaient faibles et maigres, ses lèvres, souriantes encore, demeuraient tout à fait muettes, et ses cheveux, si jolis et si lisses, étaient éparpillés en désordre sur l’oreiller.