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LAURIE FAIT DES BÊTISES.

un homme dans quelques meilleures occasions, et je perdrais à jamais son estime s’il connaissait ma sotte action. Vous Meg, vous me pardonnerez, je l’espère. Je ferai tout pour vous montrer combien je me repens, ajouta-t-il, je n’ai de ma vie été si honteux de moi-même !

— J’essayerai, Laurie ; je suis heureuse pour vous que vous jugiez que votre action n’est pas celle d’un gentleman. Pour la droiture et la franchise, j’aurais juré que vous étiez un homme. Devons-nous ne plus voir en vous qu’un écolier incapable de se rendre compte de la portée de ses actes ?

— Ce que j’ai fait, dit Laurie, est complètement abominable. J’ai mérité de perdre plus que votre amitié, votre estime ; vous refuseriez de m’adresser la parole pendant des mois que cette punition serait encore au-dessous de celle que je mérite. »

Tout en parlant, Laurie joignait les mains d’un air si désolé, il avait l’air si malheureux, si repentant, il était si près, il faut le dire, de fondre en larmes, son humiliation faisait tant de peine à voir que Meg sentait sa colère lui échapper peu à peu. À la fin, elle lui tendit la main tout en lui disant :

« En vérité, on peut tout pardonner puisque je vous pardonne. »

La figure sévère de Mme Marsch s’était radoucie, en dépit de sa volonté de garder rigueur à Laurie, lorsqu’elle l’entendit déclarer qu’il était prêt à faire toutes les pénitences que Meg, Jo et elle voudraient lui imposer, lorsque, pour conclure, s’adressant à elle, il lui dit qu’elle ne pouvait pas douter qu’il eût un sincère respect pour Meg et pour son caractère, et quand surtout il répéta qu’il lui était plus pénible de se sentir un si grave tort vis-à-vis de M. Brooke, de l’homme