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LAURIE FAIT DES BÊTISES.

— Oh ! non, miss ; mais il vient d’avoir une scène avec M. Laurie qui est dans un de ses mauvais jours, et le vieux monsieur paraît si contrarié que je n’ose pas aller près de lui.

— Où est Laurie ?

— Il est enfermé dans sa chambre, et il a défendu que, pour quoi que ce soit au monde, on vînt l’y déranger. Je ne sais pas ce que va devenir le dîner ; il est prêt et personne n’est là pour y faire honneur.

— Je vais aller voir ce qui se passe, répondit Jo, je n’ai peur ni de l’un ni de l’autre. »

Et, montant l’escalier, elle frappa vigoureusement à la porte de Laurie.

Laurie ne répondant que par le silence, Jo commença à s’inquiéter.

« Serait-il malade ? se dit-elle. Tout cela a dû lui être si pénible et tant coûter à son orgueil qu’il pourrait bien en avoir les nerfs bouleversés. »

Une fois que cette idée fut entrée dans sa tête, ce n’était pas une porte fermée qui pouvait l’arrêter. Elle lui donna un si rude assaut qu’elle s’ouvrit brusquement. Jo était au milieu de sa chambre avant que Laurie fût revenu de sa surprise.

« J’avais, lui dit-elle, un motif de plus que les autres de vous en vouloir : on m’avait accusée d’être votre complice dans l’affaire des lettres. Avant vous j’avais eu à subir le mécontentement et les soupçons, immérités pour moi, de ma mère et de ma sœur. Ma colère avait le droit d’être plus durable, et cependant me voici prête à vous dire, moi aussi, que tout est oublié. »

Le visage de Laurie était plus sombre que la nuit.

« Au nom de Dieu, dit Jo, qu’y a-t-il ? La façon dont s’est terminée votre explication avec maman et Meg ne saurait motiver la façon dont vous me recevez.