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DES JOURS DE BONHEUR.

sorte de gloussement, un cri si bizarre s’était fait entendre derrière la porte qui conduisait à l’escalier, que Jo, dans sa surprise, n’avait pu se retenir de l’ouvrir brusquement, et, derrière cette porte, elle avait mis à jour la pauvre Hannah qui, se croyant bien cachée, s’en donnait dans l’ombre à cœur joie de pleurer à sa façon, et sa façon était singulière. Certes les larmes de l’excellente Hannah n’étaient pour faire rire personne dans la maison ; mais la pauvre femme pleurait étrangement ; de plus, elle pleurait, sans s’en douter, sur un énorme dindon que, faute de mieux sans doute, elle serrait sur son cœur. Sortie précipitamment de sa cuisine au bruit de l’entrée de M. Marsch, elle avait oublié de se séparer de son rôti, qu’elle était en train de dresser, et attendait son tour de se présenter à son maître. M. Marsch l’embrassa sur les deux joues et lui fit grand plaisir en lui disant que son dindon n’était pas de trop dans la circonstance, attendu que M. Brooke et lui rapportaient un énorme appétit.

Lorsque l’incident fut clos, Mme Marsch remercia M. Brooke du soin qu’il avait pris de son mari ; chacune des enfants en fit autant, Jo comme les autres ; Meg, sans parler, lui avait serré les deux mains. M. Brooke, intimidé, se rappela alors que M. Marsch avait besoin de repos, et, prenant Laurie par le bras, il disparut. On conseilla alors à M. Marsch et à Beth, — aux deux convalescents, — de se reposer ; ils le firent en s’asseyant tous deux dans le même fauteuil.

M. Marsch raconta alors comment il avait cédé à l’envie de les surprendre pour la fête de Noël ; le beau temps étant venu et sa santé s’étant affermie, le médecin, son confrère, qui l’avait soigné jusque-là,