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TANTE MARSCH.

— Vous avez raison, Marguerite, reprit M. Brooke, dont la voix tremblait à son tour, peut-être vaut-il mieux en effet que ce que j’allais vous demander passe par la bouche de votre mère.

— Oui, oui, dit Meg ; laissez-moi aller chercher au moins maman.

— Allez, chère Marguerite, » dit M. Brooke.

M. Brooke est tout seul, il a l’air grave, mais très heureux ; l’embarras de Meg ne lui a pas déplu.

Nous allons, s’il vous plaît, nous enquérir de ce que peut bien faire Jo en ce moment.

Ce qu’elle faisait, cette infortunée Jo, je vais vous le dire. Une visite bien imprévue de tante Marsch avait interrompu la faction qu’elle montait derrière la porte en attendant l’issue de l’entrevue de Meg et de M. Brooke. Tante Marsch avait appris, je ne sais comment, qu’il était question de marier Meg avec M. Brooke, et elle venait signifier à Jo d’avoir à déclarer de sa part à Meg que ce mariage était une sottise… ; ce à quoi Jo, ravie, lui avait répondu qu’elle avait bien raison. »

« Une sottise, reprit tante Marsch, une sottise à jamais impardonnable, parce que ce monsieur Brooke est sans fortune et sans position. »

Ici, l’accord momentané entre Jo et sa tante cessa.

Ce qui déplaisait dans M. Brooke à Jo, c’était, avant tout, qu’il voulût épouser sa sœur. Il eût été dix fois millionnaire, qu’au même titre il lui eût déplu. Elle se trouva donc entraînée à répondre à tante Marsch que là n’était pas la question ; qu’avec ses talents, ses connaissances, son caractère, sa bonne renommée et l’amitié de M. Laurentz, M. Brooke pourrait, comme et mieux que tant d’autres, se faire ce qu’elle appelait une fortune et une position.