Si nous relevions le voile trois ou quatre ans plus tard encore, nous verrions d’autres mariages assurément. Amy et Beth ont eu leur tour. Dans ce pays extraordinaire, où les demoiselles sont épousées pour leurs mérites et non pour leurs dots, les amis de Laurie n’ont pas été assez mal avisés pour laisser coiffer sainte Catherine à deux filles à la fois si charmantes et si sages.
Mais c’est assez de deux heureux mariages pour finir gaiement une histoire qui a eu ses heures sombres. Nos lecteurs ont de l’imagination, qu’ils rêvent le reste.
Quant au premier père de ce livre, qu’il pardonne à son père adoptif en France de l’avoir conduit, quelquefois, où peut-être il ne voulait pas qu’il allât. Si Américain qu’on soit, si épris qu’on puisse être de son indépendance, pas plus qu’un être humain un livre ne voyage impunément. Du moment où les circonstances vous ont amené à habiter un autre pays que celui où l’on est né, il faut se résigner, si l’on veut s’y faire accepter, à sacrifier quelque chose aux goûts et aux mœurs de ce pays nouveau, et ce n’est qu’à la condition d’en prendre et d’en garder quelque chose qu’on parvient à s’y acclimater. Ce que je tiens à affirmer, c’est que jamais enfants adoptifs n’ont été traités avec plus d’amour que les Quatre Filles du Docteur Marsch par celui qui les présente aujourd’hui au public français. Il n’est certes aucune de ses œuvres personnelles à laquelle il ait donné plus de soins et qu’il ait entourée de plus de sollicitude.