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LE PETIT LAURENTZ.

pour l’inviter et se glissa dans l’embrasure assez profonde d’une fenêtre. Elle se cacha derrière les rideaux avec l’intention de tout regarder de là sans être vue. Le poste était bien choisi pour s’amuser en paix du bruit des autres. Malheureusement, une autre personne timide avait déjà choisi le même refuge, et elle se trouva face à face avec le « jeune Laurentz ».

« Mon Dieu ! je ne savais pas qu’il y eût quelqu’un dans cette cachette, » balbutia Jo, se préparant à s’en aller aussi vite qu’elle était venue.

Mais le jeune garçon se mit à rire et dit aimablement, quoiqu’il eût l’air un peu effrayé :

« Ne faites pas du tout attention à moi, mademoiselle, et restez si cela vous fait plaisir.

— Je ne vous gênerai pas ?

— Pas le moins du monde. J’étais venu derrière ce rideau parce que, ne connaissant presque personne ici, je m’y sentais un peu dépaysé dans le premier moment. Vous savez, dit-il en se levant, on éprouve toujours un peu d’embarras.

— C’est pour la même raison que je m’y réfugiais. Ne partez pas, je vous en prie, à moins que vous n’en ayez envie. »

Le jeune garçon offrit une chaise à Jo, puis se rassit. Cela fait, il regarda ses bottes jusqu’à ce que Jo, essayant d’être polie et aimable, lui dît :

« Je crois que j’ai déjà eu le plaisir de vous voir. Vous habitez tout près de chez nous, n’est-ce pas ?

— Oui, dans la maison à côté. »

Et, levant les yeux vers Jo, il se mit à rire, car l’air cérémonieux de la petite demoiselle contrastait d’une manière fort drôle avec la conversation qu’ils avaient eue ensemble, lorsqu’il avait rapporté le chat à son propriétaire.