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LES QUATRE FILLES DU DOCTEUR MARSCH.

— J’en suis très fâchée. Qu’est-ce que vous faites pour vous amuser ?

— Rien ! La maison est aussi triste qu’un tombeau.

— Vous ne lisez pas ?

— Pas beaucoup. On me le défend.

— Personne ne peut donc vous faire la lecture ?

— Si, quelquefois ! mais mes livres n’intéressent pas grand-papa, et je n’aime pas toujours demander à mon précepteur.

— Vous avez donc un précepteur ?

— Oui.

— Est-ce que personne que lui ne vient vous voir ?

— Je n’ai personne que j’aimerais voir ; on dit que les petits garçons trop tapageurs me feraient mal à la tête.

— Vous ne pouvez donc pas demander à quelque gentille petite fille de venir vous lire des histoires et vous amuser ? Les petites filles ne font pas de bruit et sont de très bonnes gardes-malades.

— Je n’en connais aucune.

— Vous me connaissez, répliqua Jo, qui s’arrêta et se mit à rire.

— Oui, je vous connais ! Est-ce que vous consentiriez à venir ? Vous me feriez bien plaisir ! s’écria Laurie.

— Je ne suis pas toujours gentille et tranquille, mais je viendrai si maman veut me le permettre. Je vais aller le lui demander. Fermez la fenêtre comme un garçon très sage et attendez-moi. »

Jo reprit en courant le chemin de chez elle en pensant à l’étonnement qu’allaient avoir ses sœurs ; et Laurie, très excité par l’idée qu’il allait recevoir une visite, voulut lui faire honneur en se brossant les cheveux ; quand il eut refait sa raie, il jeta un regard