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Page:Alcott - Sous les lilas.djvu/18

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la maison ; elle était pavée de pierres plates et unies ; des deux côtés, des buissons élevés la bordaient et se rejoignaient par le haut pour former une voûte de verdure. Au pied de ces buissons croissaient une multitude de fleurs abandonnées et même de plantes sauvages qui grimpaient le long des tiges et formaient une tapisserie émaillée. Il y avait une planche posée sur deux supports de bois en travers de l’allée, devant le porche ; elle était recouverte d’un petit châle tartan fort éprouvé par un long usage ; on y avait disposé un service à thé en miniature qui visait à une certaine élégance. Il faut bien avouer cependant que la théière avait perdu son goulot, que le pot au lait n’avait pas d’anse, que le sucrier était dépourvu de son couvercle, et que les tasses et les soucoupes étaient toutes plus ou moins ébréchées ou fendues ; mais les personnes polies ne s’aperçoivent pas de ces petits accidents et l’on n’avait invité à cette réunion que des gens bien élevés.

Des deux côtés du porche étaient des bancs et sur ces bancs une réunion remarquable, dont la vue aurait satisfait la curiosité d’un œil investigateur, appliqué au trou de la fameuse serrure. À gauche étaient rangées sept poupées, et six à droite ; par suite de l’âge, de la saleté, des fractures, des injures du temps et autres afflictions, il y avait dans leurs physionomies et leurs altitudes une telle variété, qu’on aurait tout naturellement cru être entré dans un hôpital, au moment où les malades attendent leur souper. Mais c’eût été une grave erreur ; si le vent eût fait tomber les couvertures qui les abritaient, on aurait reconnu quelles étaient en grande toilette et qu’elles se reposaient en attendant le commencement de la fête. Une autre