lesquels les jésuites et les jansénistes se sont également élevés, s’adresse en même temps aux deux plus intrépides théologiens de chaque parti, et leur tienne ce discours : « Vous avez raison, messieurs, de crier au scandale contre moi et mon intention est de le réparer. Dictez-moi donc de concert une profession de foi propre à cet objet, et qui me réconcilie d’abord avec chacun de vous. » Dès le premier article du symbole, je crois en Dieu tout-puissant, il mettrait infailliblement aux prises ses deux catéchistes, en leur demandant si Dieu est également tout puissant sur les cœurs et sur les corps ? Sans doute, assurerait le janséniste, non pas tout à fait, dirait le jésuite entre ses dents. Vous êtes un blasphémateur, s’écrierait le premier ; et vous, répliquerait le second, un destructeur de la liberté et du mérite des bonnes œuvres. S’adressant ensuite l’un et l’autre à leur prosélyte : Ah ! monsieur, lui diraient-ils, l’incrédulité vaut encore mieux que l’abominable théologie de mon adversaire ; gardez-vous de confier votre âme en de si mauvaises mains. Si un aveugle, dit l’Évangile, en conduit un autre, ils tomberont tous deux dans la fosse. Il faut convenir que l’aveugle incrédule doit se trouver un peu embarrassé entre deux hommes qui s’offrent chacun de lui servir de guide et qui s’accusent réciproquement d’être plus aveugles que lui. Messieurs, leur dirait-il sans doute, je vous remercie l’un et l’autre de vos offres charitables ; Dieu a donné pour me conduire dans les ténèbres un bâton qui est la raison et qui doit, dites-vous, me mener à la foi. Eh bien ! je ferai usage de ce bâton salutaire, j’irai droit où il me conduira, et j’espère en tirer plus d’utilité que de vous deux.
Il ne reste donc au Gouvernement et aux magistrats, pour l’honneur de la religion et de l’État, que de réprimer et d’avilir également les deux partis. Nous le disons avec d’autant plus de confiance, que personne ne révoque en