Page:Alembert - Trois mois à la cour de Fréderic : lettres inédites.djvu/19

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(excepté celle de Rosbach dont Votre Majesté elle-même m’aurait défendu de me réjouir) et l’intérêt plus vif encore que j’ai pris à ses malheurs ; intérêt d’autant plus grand, que je sentais ce que ces malheurs pouvaient coûter un jour à mon pays, et que je plaignais la France sans oser même le lui dire. Puissiez-vous, Sire, jouir longtemps de cette paix et de cette gloire si justement acquises ! Puissiez-vous montrer encore longtemps à l’Europe l’exemple d’un prince également admirable dans la guerre et dans la paix, grand dans la prospérité et encore plus dans l’infortune, au-dessus de l’éloge et de la calomnie !

« Avec quel empressement, Sire, n’irai-je pas exprimer à Votre Majesté ce que ma plume trace ici faiblement et ce que mon cœur sent mieux ! Quelle satisfaction n’aurai-je pas de mettre à vos pieds mon admiration, ma reconnaissance, mon profond respect et mon attachement inviolable ! Mais, Sire, je sens que dans ces premiers moments de repos, Votre Majesté, occupée toute entière à essuyer des larmes qu’elle a vu couler malgré Elle, aura bien mieux à faire que de converser de philosophie et de littérature. J’attendrai donc son loisir et ses ordres pour aller passer quelque temps auprès d’Elle…

« … La philosophie ira s’instruire et s’éclairer auprès de vous ; elle ira porter à Votre Majesté (sans avoir à craindre le reproche de flatterie) les vœux, l’amour et le respect de tous ceux qui cultivent les