Page:Alembert - Trois mois à la cour de Fréderic : lettres inédites.djvu/23

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mont[1] et d’Alembert ; je les aime passionnément. Il faut donc, ma reine, vous résoudre à vivre avec moi avec la plus grande vérité et sincérité. »

Malheureusement, au bout de peu d’années, la jeunesse, le charme, l’esprit de Mlle de Lespinasse lui attirèrent les plus vives sympathies et elle eut une cour à son tour dans le salon même de sa bienfaitrice. Elle ne s’en tint pas là. Pendant que Mme du Deffand, fatiguée de ses veilles, se reposait, la dame de compagnie prit l’habitude de recevoir chaque jour secrètement dans sa chambre un petit cercle intime à la tête duquel se trouvait d’Alembert, l’ami préféré de la vieille aveugle. Une communauté d’origine et peut-être un lien secret de parenté attirèrent probablement l’un vers l’autre le fils naturel de Mme de Tencin[2] et la fille adultérine de Mme d’Albon[3].

  1. Formont (Jean-Baptiste Nicolas de), poète épicurien, riche et paresseux, il était lié avec toutes les sociétés littéraires de l’époque.
  2. Tencin (Claudine-Alexandrine Guérin, marquise de) (1681-1749) après avoir embrassé la vie religieuse, elle fut nommée chanoinesse, puis elle se fit relever de ses vœux et rentra dans le monde où elle fit scandale par la légèreté de ses mœurs.
  3. Le cardinal de Tencin, frère de Mme de Tencin, passait pour