Page:Alembert - Trois mois à la cour de Fréderic : lettres inédites.djvu/51

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mêlât de tant de choses, je réponds à tous mes solliciteurs que je ne suis ici que pour lui faire ma cour, nullement pour autre chose, et rien n’est plus vrai, et il mérite bien à tous égards qu’on vienne chez lui pour lui-même. »

D’Alembert profitait de ses loisirs pour visiter les environs de la résidence royale, et tout ce qu’il voyait ne faisait qu’augmenter son admiration pour Frédéric.

Le roi avait tracé lui-même tous les plans de la ville et du château, dessiné le parc et les jardins. Il se montrait avec raison fier de son œuvre et en parlait volontiers. Un soir, pendant la guerre de Sept Ans, s’entretenant avec de Catt du spectacle affligeant qui les environnait et en même temps de la gloire éphémère des conquérants, le monarque ne put s’empêcher de se rappeler son cher Potsdam qu’il avait quitté depuis si longtemps :

« Ah ! du diable la belle gloire, s’écriait-il, des villages brûlés, des villes en cendre, des milliers d’hommes infortunés, autant de massacrés, des horreurs de toute part, finir enfin soi-même, n’en parlons plus, les cheveux me dressent à la tête. Ah ! Potsdam !