Page:Alembert - Trois mois à la cour de Fréderic : lettres inédites.djvu/54

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quelconque ; ils ne payent absolument rien ; c’est ce que le Roi me dit hier lui-même, ajoutant que ces familles ne savaient pas même que le pays fût en guerre ; elles ont un curé ou ministre que le Roi paye, afin qu’il n’en coûte pas, m’a-t-il dit, la moindre chose aux habitants, même pour aller à l’église. Si ce prince n’est pas digne d’être Roi, je ne sais pas qui le sera. J’ai trouvé dans ses États très peu de pauvres ; avant la guerre même, il n’y avait pas un seul mendiant, on n’en souffrait pas ; la misère en a produit quelques-uns, mais tout cela cessera bientôt. Les paysans travaillent, mais ils sont bien vêtus et ont l’air contents et nourris. Voilà ce que produit une bonne administration dans les sables du Brandebourg. »

Dans le récit qu’il avait adressé à Mlle de Lespinasse sur sa réception à la cour de Brunswick et sur les attentions sans nombre dont il avait été l’objet, d’Alembert avait négligé une des particularités les plus importantes, du moins il la jugeait telle, puisqu’il y revint assez longtemps après avoir quitté Brunswick. Il est assez plaisant de voir l’encyclopédiste raconter avec satisfaction qu’on l’a honoré du titre de marquis et que malgré ses dénégations obstinées, il est resté le marquis d’Alembert :