Page:Alembert - Trois mois à la cour de Fréderic : lettres inédites.djvu/57

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sa sœur ; cela m’est indifférent pourvu qu’il y soit, car sa société m’est bien nécessaire en ce pays-ci où bientôt je n’aurai plus Mylord Maréchal.

« Je ne vous rabâcherai point l’éloge de ce Prince ; tout ce que j’en vois, tout ce que j’en apprends tous les jours me le fait aimer de plus en plus ; vous aurez peut-être vu dans les gazettes qu’il m’a fait Président de son Académie ; n’en croyez rien, je ne puis pas même dire qu’il m’ait offert cette place, mais je ne saurais douter qu’il ne désire beaucoup qu’elle me convienne, et je ne lui en ai que plus d’obligation de la discrétion qu’il a de ne m’en point parler. Je serai ami et philosophe jusqu’au bout, et certainement je serai de retour à Paris dans les premiers jours de septembre. Le Roi est déjà prévenu du voyage que je dois faire en Italie, il a eu la bonté de me dire qu’il désirerait bien être à portée de faire ce voyage avec moi, et je vous jure que j’en pense bien autant pour lui. Vous seriez étonnée de voir tous ses châteaux et toutes ses maisons. Tout est de son goût et de son dessin, et en vérité le mieux du monde, si on excepte ces raffinements de commodité qu’on ne connaît qu’en France et qu’un philosophe guerrier comme lui ne peut, ni ne doit connaître. Nous sommes dévorés de cousins, le Roi seul prétend qu’ils ne le mordent pas, et je lui ai dit qu’apparemment les cousins avaient appris de l’Europe à ne pas l’attaquer. »