Page:Alembert - Trois mois à la cour de Fréderic : lettres inédites.djvu/80

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« Mme La Margrave causa hier assez longtemps avec moi ; il faut qu’elle ait lu, je ne sais comment, ma réponse à l’impératrice de Russie, car elle m’en parla en personne instruite ; vous ne sauriez croire l’effet que ce refus d’aller en Russie a fait à mon avantage. »

« À Sans-Souci, le 8 août 1763.

« Non, ce château-ci ne sera non plus jamais le mien, mais en vérité ce n’est pas à cause du maître qui l’habite et qui mérite bien qu’on s’attache à lui. Depuis le départ des princesses je jouis beaucoup de sa société, la seule que je puisse avoir dans ce pays-ci, et nos dîners et soupers sont beaucoup plus animés et plus libres. Il faudra pourtant dans très peu de jours lui annoncer mon départ, et je vous avoue que cette annonce me coûtera et encore plus la séparation. »

« Le 9 (au matin) août 1763.

« Je me porte mieux, parce que le Roi m’a donné hier une grande satisfaction, c’est d’accorder, sur les représentations que je lui ai faites, une augmentation de pension au professeur Euler, le plus grand sujet de son Académie, et qui, se trouvant chargé de famille et assez mal-aisé, voulait s’en aller à Pétersbourg. J’ai parlé au Roi à ce sujet avec autant d’éloquence et de chaleur pour le moins que Mme Du Deffand à la