ceptation de Gertrude était arrivée. Le chapitre se tint ; la proposition, comme on devait s’y attendre, réunit les deux tiers des votes secrets qui étaient exigés par les règlements ; et Gertrude fut acceptée. Elle-même alors, fatiguée de ce long tourment, demanda d’entrer le plus tôt possible dans le monastère. Personne, certainement, n’était là qui voulût modérer son impatience. Il fut donc fait selon sa volonté, et, conduite avec pompe au couvent, elle y revêtit l’habit. Après douze mois de noviciat pleins de repentirs qui se renouvelaient sans cesse, elle se vit parvenue au moment de la profession, au moment où il lui fallait, ou dire un non plus étrange, plus inattendu que jamais, ou répéter un oui déjà dit tant de fois ; elle le répéta, et fut religieuse pour toujours.
C’est un des attributs particuliers et incommunicables de la religion chrétienne de pouvoir diriger et consoler quiconque, en quelque conjoncture que ce soit, quelque but qu’il ait en vue, vient recourir à elle. S’il y a un remède à ce qui est passé, elle le prescrit, elle le fournit, elle prête ce qu’il faut de lumière et d’énergie pour l’employer, à quelque prix que ce puisse être. S’il n’y en a point, elle donne le moyen de faire effectivement, et en réalité, ce qui se dit en forme de proverbe, de nécessité, vertu. Elle enseigne à continuer, avec prudence, ce qui a été entrepris par légèreté ; elle plie l’âme à embrasser par goût ce qui a été imposé par la force, et elle donne à un choix qui fut téméraire, mais qui est irrévocable, toute la sainteté, toute la sagesse, disons-le hardiment, toutes les joies de la vocation. C’est une voie faite de telle sorte, que, de quelque labyrinthe, de quelque précipice que l’homme y arrive et y fasse un seul pas, il peut, de ce moment, marcher avec satisfaction et assurance, et, par un heureux voyage, atteindre à une heureuse fin. En prenant cette