pauvres. Voulez-vous le père Atanasio ? Voulez-vous le père Zaccaria ? C’est un homme de mérite, voyez-vous, que le père Zaccaria. Et n’allez pas regarder comme font certains ignorants, à son petit corps grêle, à sa voix de fausset, à sa barbe clair-semée : je ne dis pas pour ce qui est de prêcher, parce que chacun a ses qualités ; mais pour donner un conseil, c’est un homme, savez-vous bien ?
— Oh ! pour l’amour de Dieu ! s’écria Agnese dans ce double sentiment de gratitude et d’impatience que fait éprouver une offre où se trouve plus de bon vouloir de la part de celui qui la fait que d’à-propos pour celui à qui elle s’adresse. Que m’importe, à moi, quel homme est celui-ci et n’est pas cet autre, quand ce pauvre homme qui n’y est plus était celui qui savait nos affaires et qui avait tout préparé pour nous aider ?
— En ce cas, il faut prendre patience.
— Pour cela, je le sais, dit Agnese : pardon de vous avoir dérangé.
— De rien, chère femme. J’en suis fâché pour vous. Et si vous vous décidez à demander quelqu’un de nos pères, le couvent est ici qui ne bouge pas de place. Et, à propos, j’irai l’un de ces jours vous voir pour la quête de l’huile.
— Portez-vous bien, » dit Agnese, et elle prit le chemin de son village, troublée, déconcertée, désolée, comme un pauvre aveugle qui a perdu son bâton.
Un peu mieux informé que frère Galdino, nous pouvons dire comment, en effet, se passa la chose. Attilio, dès son arrivée à Milan, alla, comme il l’avait promis à don Rodrigo, faire sa visite à leur oncle commun, membre du conseil secret. (C’était une consulta alors composée de treize membres de robe et d’épée, dont le gouvernement prenait l’avis, et qui, en cas de mort ou de mutation de celui-ci, était provisoirement investie du gouvernement.) Le comte, notre cher oncle, appartenant à la robe, et l’un des anciens du conseil, y jouissait d’un certain crédit ; mais il n’avait pas son pareil dans l’art de le faire valoir et de s’en donner le relief. Un langage ambigu, un silence significatif, sa phrase toujours laissée à moitié, un serrement de paupières qui disait : Je ne puis parler ; le talent de flatter des espérances sans donner de promesses, de