bardiers, précédé de deux trompettes à cheval et suivi d’autres voitures où se trouvaient les nobles qui avaient cru devoir l’accompagner dans cette circonstance, il fut accueilli à grand bruit de sifflets par des enfants qui s’étaient rassemblés sur la place du Duomo, et qui après se mirent en troupe à le suivre. Arrivé dans la rue qui conduit à la porte du Tésia, par où l’on devait sortir de la ville, le cortège se trouva au milieu d’une foule de gens, dont les uns étaient là à attendre et les autres accouraient, d’autant plus que les trompettes, hommes d’étiquette avant tout, ne cessèrent de sonner de leur instrument depuis le palais jusqu’à la porte. Et dans le procès qui se fit ensuite sur ce tumulte, l’un de ceux-ci, à qui l’on reprochait d’avoir été cause, par son trompetage continuel, que le tumulte s’accrût, répondit : « Mon cher Monsieur, c’est notre profession, et, si Son Excellence n’avait pas pour agréable que nous sonnassions, elle n’avait qu’à nous faire dire de nous taire. » Mais don Gonzalo, soit qu’il répugnât à donner cet ordre qui eût pu marquer de la crainte, soit qu’il appréhendât de rendre ainsi cette multitude plus hardie, ou soit même encore qu’il fût en effet un peu troublé, laissait faire et n’ordonnait rien. La multitude, que les gardes avaient inutilement tenté de repousser, précédait, entourait, suivait les voitures en criant : « C’est la disette qui s’en va ; il s’en va, le sang des pauvres, » et autres choses encore moins gracieuses. Quand ils furent près de la porte, ils se mirent à lancer des pierres, des briques, des trognons de choux, des débris de toute sorte, toute la mitraille, en un mot, qui s’emploie d’ordinaire en de pareilles expéditions ; partie d’entre eux coururent sur les remparts, d’où ils firent une dernière décharge sur les voitures qui sortaient. Aussitôt après ils se séparèrent.
Don Gonzalo fut remplacé par le marquis Ambroise Spinola, dont le nom avait déjà acquis, dans les guerres de Flandre, cette célébrité militaire qu’il conserve encore aujourd’hui.
Cependant l’armée allemande, sous le commandement en chef du comte Rambaldo de Collatto, autre condottiere italien, dont la réputation, sans être aussi grande, était cependant assez belle, avait reçu l’ordre définitif de marcher sur Mantoue, et au mois de septembre elle entra dans le duché de Milan.
La milice, à cette époque, était encore composée en grande partie d’aventuriers enrôlés par des condottieri de profession qui formaient cette troupe, sur la commission qu’ils en recevaient de tel ou tel prince, quelquefois même pour leur propre compte et pour se vendre ensuite eux et leur troupe tout ensemble. C’était moins par la solde que les hommes étaient attirés à ce métier que par l’espérance du pillage et tous les attraits de la licence. Une discipline fixe et générale n’existait point ; elle aurait eu peine à s’accorder avec l’autorité en partie indépendante des divers condottieri. Ceux-ci d’ailleurs, en fait de discipline, n’étaient pas fort recherchés, et l’eussent-ils voulu, on ne voit guère comment ils auraient pu parvenir à l’établir et la conserver, car des soldats de cette espèce se seraient révoltés contre un condottiere novateur qui se serait mis en tête d’abolir le pillage, ou pour le moins ils l’auraient laissé seul à la garde de ses drapeaux. De plus, comme les princes, en prenant, pour ainsi dire, ces bandes