Page:Alessandro Manzoni - Les fiancés, trad. Montgrand, 1877.djvu/493

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comme pour mieux s’associer à la solennité du jour, les autres vêtus de deuil en signe de pénitence, ou nu-pieds et enveloppés d’un manteau, le capuchon rabattu sur la figure, tous avec un cierge à la main. Derrière tout le monde enfin venait encore une file de personnes du peuple, de tout sexe et de tout âge.

Toutes les rues que la procession devait parcourir étaient ornées comme aux jours de grande fête. Les riches avaient étalé sur les façades de leurs maisons ce qu’ils avaient de plus précieux. Les habitations des pauvres avaient été décorées soit par des voisins plus à leur aise, soit aux frais du public ; en certains endroits, des rameaux feuillés tenaient lieu de tentures ; en d’autres, ils couvraient les tentures mêmes ; de tous côtés étaient suspendus des tableaux, des emblèmes, des inscriptions ; sur l’appui des croisées on avait placé des vases, des objets d’antiquité, des raretés de diverse sorte ; partout des flambeaux allumés. À plusieurs de ces croisées se montraient des malades séquestrés qui regardaient la procession et l’accompagnaient de leurs prières. Dans les autres rues, il n’y avait que solitude et silence : seulement quelques personnes, de leurs fenêtres, prêtaient l’oreille et suivaient ainsi dans sa marche la pieuse rumeur ; d’autres, parmi lesquelles on vit jusqu’à des religieuses, étaient montées sur les toits pour tâcher d’apercevoir de loin cette châsse, ce cortège, quelque chose de ce qui se faisait en ce grand jour.

La procession passa par tous les quartiers de la ville ; à chacune des petites places qui se trouvent au débouché des rues principales vers les faubourgs, et