Page:Alessandro Manzoni - Les fiancés, trad. Montgrand, 1877.djvu/525

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Vers le soir, il arriva à Greco, sans toutefois en savoir le nom ; mais jugeant, à l’aide de quelque souvenir des lieux qui lui était resté de son autre voyage, comme aussi par le calcul du chemin qu’il avait fait depuis Monza, qu’il devait être fort près de la ville, il quitta la grande route pour aller chercher dans les champs quelque cuscinetto où il pût passer la nuit ; car, pour des auberges, il n’y voulait seulement pas songer. Il trouva mieux qu’il ne cherchait : il vit une ouverture dans une haie qui entourait la cour d’une ferme ; il y entra. Il n’y avait personne : il vit sur l’un des côtés de la cour un grand hangar sous lequel était du foin entassé, et contre ce foin une échelle. Il regarda encore tout autour de lui, et puis il monta à l’aventure, s’arrangea pour dormir, et en effet s’endormit aussitôt. Réveillé le lendemain à l’aube, il s’avança tout doucement vers le bord de son grand lit, mit la tête dehors, et, ne voyant encore personne, il descendit par où il était monté, sortit par où il était entré, se jeta dans des sentiers en prenant pour son étoile polaire le Duomo ; et, après avoir fait très-peu de chemin, il vint aboutir sous les murs de Milan, entre la porte Orientale et la porte Neuve, tout près de cette dernière.