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DONATELLO.
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bien mourir quelque part (Watteau disait, plus tard, que l’artiste a cependant toujours la ressource de l’hôpital, où l’on ne refuse personne) ; le second, pour petit qu’il soit, n’est pas sans exciter des convoitises. Des parents de Donatello se donnent la peine de venir prendre de ses nouvelles pendant sa dernière maladie… et en même temps insinuent qu’il serait bien bon de leur léguer la petite pièce de terre de Prato. Et voici la réponse : « Je ne puis vous rendre ce service, mes chers parents, parce qu’il me semble juste de laisser ce champ au paysan qui s’est donné tant de mal pour le cultiver, et non à vous qui ne vous en êtes jamais occupés et qui voudriez maintenant que je vous en fisse cadeau pour vous récompenser de votre visite. Allez ! je vous donne ma bénédiction. » C’était déjà beaucoup.

Ainsi jusque dans la mort, dans les dispositions finales qui la précèdent, Donato gardait cette étrange verve alliée à l’élévation d’esprit et au bon sens, que nous lui avons vu apporter dans toutes les choses les plus graves de la vie et de l’œuvre. Il parle encore, dans son testament, de quelques dettes et de quelques créances qu’il a, et dit qu’il se soucie des unes comme des autres. C’est la vraie morale chrétienne, en somme : « Et dimitte nobis débita nostra, sicut et nos… » Mais ce qu’il y a vraiment de beau et de grand dans une telle façon d’être et de penser, ce qui place l’enseignement de la vie de Donato plus haut qu’un amusant argument plus ou moins en faveur du socialisme, c’est ceci. Quand un homme a une importante tâche de beauté à accomplir il l’accomplit sans qu’im-