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DONATELLO.

alors que tout s’agite et se transforme autour de lui. Donatello, au plus fort de ses succès, quitta Padoue et en donna cette raison profonde :

« S’il y restait plus longtemps, il oublierait tout ce qu’il savait, recevant tant d’éloges de chacun, et il aimait mieux retourner dans sa patrie, où, étant sans cesse critiqué, ces critiques le forceraient à travailler davantage, et, par conséquent, augmenteraient sa gloire. »

Cette belle préoccupation de « faire des progrès » se retrouve chez tous les vraiment grands artistes lorsqu’ils arrivent à l’âge le plus avancé. Cet âge n’est pas pour eux celui de la sagesse au sens où la comprennent les timides et les terre-à-terre. Au contraire, les plus grands lyrismes, les plus lumineuses exaltations datent de ces années suprêmes. C’est ce qui arriva pour Donatello. Il revint à Florence après les longs circuits que nous avons dits.

Des œuvres lui furent demandées qu’il ne fit pas toujours, dans son besoin éperdu de choisir entre tant de choses offertes et tant d’autres choses qui venaient de lui-même. Mais cette dernière période d’une si magnifique vie fut bien remplie aussi, et lorsque la paralysie et les maux qui signalent le départ s’acharnèrent sur un corps de plus de quatre-vingts ans (Donatello mourut en 1466), tout était dit et fait.

L’homme avait créé un peuple immense et fier d’images de toute sorte, statues, portraits, tableaux en relief, austérités et sourires, éternels effrois et éternels espoirs.