Page:Alexandre - Donatello, Laurens.djvu/29

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
19
DONATELLO.

plus que le don est plus grand. Outre cela, dans les draperies de la Vierge et de l’ange, qui offrent des enroulements et des plis merveilleux, de même que dans la recherche du nu des figures, Donato montra qu’il s’efforçait de retrouver la beauté des antiques, disparue depuis si longtemps. »

Nous avons tenu à reproduire intégralement le passage parce que, en outre du charme ingénu de la description, que nous ne saurions atteindre, il y a là des indications d’une grande importance. D’abord, la fièvre de travail, la bouillonnante productivité des toutes jeunes années, ces essais, ces jets en des sens multiples et sans résultats appréciables, cette espèce de gourme d’art jetée en gage, — et puis tout d’un coup l’œuvre qui fait ouvrir les yeux, comme un chant inattendu chez un enfant jusqu’alors balbutiant fait soudain dresser l’oreille dans l’entourage. Et les promesses de cette œuvre, la nature de ces promesses ! Il est habituel aux plus vigoureux tempéraments d’artiste et de poète, de commencer par des élégies. Donatello n’échappe point à cette tendance. Sa jeunesse chante la jeunesse, son enthousiasme se prosterne devant la grâce. C’est comme l’aveu d’un premier amour. Il veut cette Vierge et cet ange si touchants, si doux, si suavement troublés ! Seulement, déjà dans cette idylle, il y a des accents poignants. La Vierge ressent un émoi aussi vif qu’est son ravissement, et Donatello n’a pas pu s’empêcher d’indiquer comme un petit drame dans l’ornementation extérieure. Il s’est amusé à relever le cadre d’un