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DONATELLO.

Tous deux, enfin, dans la ferveur de la vingtième année (si l’on accepte les chronologies courantes, Brunelleschi aurait eu alors vingt-six ans et Donatello dix-sept), entreprenant ce voyage à Rome qui devait avoir sur leur œuvre et sur l’art en général une si considérable influence (1403).

Il a fallu un Michelet pour dépeindre avec le mouvement et la couleur d’évocation qui conviennent, de tels voyageurs et un tel voyage :

« Brunelleschi vend un petit champ qu’il avait et s’en va à Rome avec son ami, le sculpteur Donatello. Voyage périlleux alors. La campagne romaine était déjà horriblement sauvage, courue des bandits, des soldats des Colonna, des Orsini. Chaque jour, en ce désert, l’homme perdait, le buffle sauvage devenait le roi de la solitude. Elle continuait dans Rome. Les rues étaient pleines d’herbe, entre les vieux monuments devenus des forteresses, défigurés et crénelés. Ce n’était pas la Rome des papes, mais celle de Piranesi, ces ruines grandioses et bizarres que le temps, « ce maître en beauté », a savamment accumulées dans sa négligence apparente, les noyant d’ombres et de plantes, qui les parent et qui les détruisent. De statues on n’en voyait guère ; elles dormaient encore sous le sol ; mais des bains immenses restaient, onze temples, presque tous disparus maintenant, des substructions profondes, des égouts monumentaux où auraient pu passer les triomphes des Césars, toutes les sombres merveilles de Roma Sotteranea.