Page:Alexandre - Donatello, Laurens.djvu/41

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
31
DONATELLO.

« Pétrarque avait désigné Rome oubliée à la religion du monde. Brunelleschi (ajoutons aux paroles de Michelet : et Donato) la retrouva, la recomposa en esprit. Que n’a-t-il laissé en écrit ce courageux pèlerinage ! Presque tout était enfoui. En creusant bien loin dans la terre, on trouvait le faîte d’un temple debout. Pour atteindre cette étrange Rome, il fallait y suivre les chèvres aux plus hasardeuses corniches, ou, le flambeau à la main, se plonger aux détours obscurs des abîmes inconnus. »

Dans ce paysage si puissamment décrit, que ne pouvons-nous faire vivre avec un relief égal les allées et venues affolées d’admiration des deux artistes ! Les voit-on, hâves, maigres et avides comme des chats errants, à la recherche non d’une proie à dévorer, mais d’une forme à contempler, d’un fragment à découvrir ? Tels sont l’abrutissement et l’ignorance du peuple de Rome à ce moment, que l’on ne comprend rien à leurs manœuvres. On pense qu’ils sont des chercheurs de trésors : on les appelle « quelli del tesauro », ceux du trésor, parce qu’ils ont en effet découvert quelque pot rempli de vieux as. Chercheurs de trésors ! Vraiment oui, ils le sont, mais de bien autres que l’on s’imagine. Ils recherchent, et retrouveront un trésor de beauté humaine. Ou plutôt c’est un trésor, et inépuisable, qu’ils vont créer en eux-mêmes par l’ardeur et la contemplation du passé.

Ils sont vêtus de misérables habits de terrassiers. Ils grattent la terre et ils dessinent. Ils épuisent leurs modiques ressources, et ils trouvent tant de trésors qu’ils