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DONATELLO.

Le luxe, quel besoin en avait-il ? Qu’aurait-il ajouté à son rêve de grandeur ? Cosme de Médicis s’avise un jour que son sculpteur va vraiment trop mal vêtu par les rues de Florence les jours de fête et il lui fait envoyer un magnifique costume rose, du plus beau drap. Donatello le porte deux ou trois fois, puis, une fois la bonne volonté prouvée, ou le supplice subi, le renvoie au mécène, en le suppliant de le dispenser de porter des habits « trop délicats pour lui ».

Avec lui les cadeaux n’ont pas de chance. Vers la fin de sa vie, lorsqu’il ne va plus pouvoir travailler, et qu’il n’a plus la moindre ressource, Pierre de Médicis acquitte vis-à-vis de lui une dette transmise par Cosme, en lui faisant le don d’un domaine à Caffaggiuolo. Donatello est ravi tout d’abord, mais au bout d’un an à peine, il demande à son protecteur de le dispenser d’être un propriétaire, comme il avait demandé d’être dispensé d’être un élégant. Les discussions qu’il faut soutenir avec des fermiers, les soins à donner aux bâtiments, les calculs incessants qui sont nécessaires pour équilibrer les recettes et les dépenses, tout cela excède le pauvre homme, qui souhaite et obtient en échange une petite rente payable semaine par semaine.

Il est cependant propriétaire bon gré mal gré : propriétaire de la maisonnette dans la « via del Cocomero », près du couvent de Saint-Nicolas, et il possède aussi, à Prato, près de Florence, ce Prato qu’il a enrichi d’une œuvre adorable, un petit champ sans grande importance. Le premier de ces « biens » lui sert à y mourir, car il faut